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Mon Mulhouse la revue de presse
3 novembre 2009

Des incertitudes techniques pèsent sur l'avenir de l'EPR

Le programme EPR, le réacteur nucléaire de troisième génération d'Areva, est menacé par un défaut de conception. Dans une déclaration commune publiée lundi 2 novembre, les autorités de sûreté française (ASN), britannique (HSE/ND) et finlandaise (STUK) demandent aux futurs exploitants de ces centrales d'"améliorer la conception initiale de l'EPR".

C'est le système de contrôle-commande, le cerveau du réacteur, qui est en cause. Deux systèmes de contrôle seraient trop interconnectés, ce qui mettrait en cause la sûreté en cas d'incident. En cas de défaillance de l'un, il faudrait que l'autre puisse continuer à fonctionner, ce qui en l'état actuel n'est pas assuré. Les experts relèvent que la "complexité" de l'architecture du système "rend difficile l'élaboration d'une démonstration de sûreté satisfaisante".

L'ampleur du problème est telle que l'ASN a demandé à EDF de préparer un plan "B", au cas où les recommandations des autorités de sûreté ne pourraient pas être prises en compte. Le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, demande à EDF "d'examiner dès à présent des dispositions de conceptions différentes", car la "certitude d'aboutir in fine à une démonstration de sûreté acceptable fondée sur l'architecture actuelle n'est pas acquise".

Nicolas Sarkozy a fait de l'exportation du nucléaire civil un axe stratégique de sa diplomatie et de sa politique industrielle. Les revers d'Areva menacent cette stratégie. "Cette entreprise n'est pas gérée. Mais changer Anne Lauvergeon maintenant serait un terrible aveu vis-à-vis du monde", dit un proche du président.

Anne Lauvergeon est sous surveillance depuis la nomination de Jean-Cyril Spinetta à la présidence du conseil d'Areva. "Elle aurait dû choisir un directeur général qui soit son inverse : un industriel de terrain qui complète ce qu'elle sait faire, la stratégie", poursuit ce proche de M. Sarkozy.

Les associations antinucléaires ont immédiatement saisi cette occasion pour réclamer, une fois de plus, l'arrêt du programme EPR. La "renaissance du nucléaire est décapitée", s'est ainsi réjoui le mouvement Sortir du nucléaire.

"La déclaration conjointe de ces trois autorités de sûreté nucléaire remet fortement en question les deux EPR actuellement en construction dans le monde, l'un à Olkiluoto, en Finlande, et l'autre à Flamanville, en France (Manche), estime pour sa part Yannick Rousselet de Greenpeace. Qu'attend la France pour appliquer le principe de précaution au nucléaire et pour arrêter le programme EPR ?"

Chez Areva, on affiche la sérénité. "Cela fait partie des discussions techniques normales à ce stade d'avancement des dossiers, affirme son porte-parole, Jacques-Emmanuel Saulnier. Le problème avait été soulevé par la Finlande en décembre 2008 et résolu : STUK (l'autorité de sûreté finlandaise) a validé le contrôle-commande. EDF est face aux mêmes questions qu'en France et en Grande-Bretagne. Il va y répondre avec la collaboration d'Areva. Mais cela ne remet en cause ni les fondamentaux de l'EPR, ni le calendrier."

DEUX UNITÉS EN INDE

La mise en garde des trois autorités de sûreté n'en arrive pas moins au plus mauvais moment. Quatre EPR sont en cours de construction : un en France sur le site de Flamanville, un en Finlande et deux en Chine. Mais Areva espère d'autres commandes. A Abou Dhabi, le consortium français Areva-GDF Suez-Total, épaulé par EDF, est en concurrence avec les Américains (General Electric) et les Coréens pour la vente de six à dix réacteurs.

Areva a été présélectionné pour la vente d'au moins deux unités en Inde. EDF a choisi de faire des "clones" de Flamanville pour le Royaume-Uni, où il compte construire au moins quatre unités. Il vient de finaliser son accord avec le groupe américain Constellation Energy et prévoit d'en installer au moins quatre aux Etats-Unis, même si Henri Proglio, qui succédera à Pierre Gadonneix à la tête d'EDF fin novembre, est plus que réservé sur cette implantation outre-Atlantique. Cela le conforte dans son analyse : EDF ne peut avoir qu'un seul réacteur, l'EPR, dans son catalogue.

Plusieurs groupes étrangers, comme l'italien Enel, ont aussi choisi l'EPR pour se développer dans l'énergie nucléaire. En partenariat avec EDF, Enel va en construire quatre dans la péninsule. Les groupes allemands E.ON et RWE l'ont aussi choisi pour participer à la relance de l'atome civil au Royaume-Uni.

Jean-Michel Bezat (avec Arnaud Leparmentier)

         

            

Le programme EPR dans le monde

                      

         

         

En construction. France (un), Finlande (un), Chine (deux).

Projets avancés. Aux Etats-Unis, les pré-commandes portent sur cinq EPR : quatre pour Constellation Energy (avec EDF) et un pour Duke. EDF veut en construire quatre au Royaume-Uni, où les Allemands E. ON et RWE l'ont aussi choisi. En Italie, l'accord EDF-ENEL prévoit au moins quatre EPR.

En concurrence. Areva a répondu à d'importants appels d'offres en Inde et à Abou Dhabi.

         

      


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