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Mon Mulhouse la revue de presse
1 mars 2010

Le cent-fautes de Claude Allègre

Le cent-fautes de Claude Allègre
       

M. Allègre évoque un "système mafieux" ayant conspiré pour faire passer, aux yeux de l'ensemble du monde, un "mythe" pour un fait scientifique. Très médiatisé, l'ouvrage comporte de nombreuses approximations et erreurs factuelles à même de tromper le public. En voici quelques-unes.

P. 22 "Une étude parue dans la revue Science suggère que l'augmentation de la température dans l'hémisphère Nord de 1970 à 2000 est peut-être due à l'élimination des poussières de charbon dans l'atmosphère, ce qui a facilité l'ensoleillement. L'augmentation (des températures) n'aurait donc rien à voir avec le CO2", écrit M. Allègre, citant une étude en effet publiée par Science, en mars 2007. Les deux premières phrases de cette publication démentent l'interprétation qui en est faite par l'ancien ministre. "Des tendances notables au réchauffement sont observées dans l'Arctique. Bien que les émissions humaines de gaz à effet de serre à longue durée de vie en soient certainement la cause principale, les polluants atmosphériques sont aussi importants."

P. 68 "Au total, l'Antarctique ne semble pas fondre. En tout cas, ce n'est pas perceptible." La réduction des glaces de l'Antarctique n'est pas due à une fonte mais au glissement des glaciers dans la mer. Elle est très perceptible. Grâce aux données satellitaires, les travaux d'Isabella Velicogna (université de Californie à Irvine, JPL) ont montré qu'entre 2002 et 2006, l'Antarctique a perdu, en moyenne, 104 milliards de tonnes (Gt) de glace par an. Entre 2006 et 2009, ce taux est passé à 246 Gt par an. Les pertes de glaces du Groenland et de l'Antarctique sont l'une des principales causes de l'augmentation du niveau marin.

P. 68 "Au Moyen Age, lorsque les Vikings ont découvert le Groenland, il y avait encore moins de glace qu'aujourd'hui. C'est pour cela qu'ils l'ont appelé le "pays vert"", écrit M. Allègre. L'étymologie proposée est correcte, mais les raisons avancées sont fausses. La Saga d'Erik Le Rouge, (datée du XIIIe siècle) témoigne qu'"Erik (le Rouge) partit pour coloniser le pays qu'il avait découvert et qu'il appelait le "Pays vert", parce que, disait-il, les gens auraient grande envie de venir dans un pays qui avait un si beau nom".

La période chaude du Moyen Age - au moins sur l'hémisphère Nord - est sans équivoque. Mais l'écrasante majorité des travaux de reconstructions paléoclimatiques suggèrent qu'elle était moins chaude que la période actuelle.

P. 73 A propos de l'influence du réchauffement sur les ouragans, "certains spécialistes comme Wester, Tech ou Kerry Emmanuel pensent" qu'elle est réelle, écrit l'auteur. "Wester" est Peter Webster. Quant à "Tech", ce nom n'existe pas. L'auteur a confondu le nom de l'institution de M. Webster (Georgia Tech, diminutif de Georgia Institute of Technology) avec celui d'une personne.

P. 78 L'auteur fait état de travaux montrant qu'il y a 125 000 ans, il faisait "6 °C de plus qu'aujourd'hui, et le CO2 de l'atmosphère était moins abondant". La référence donnée est celle des travaux de "Sine" et de ses collaborateurs, prétendument publiés dans Science en novembre 2007. Cette publication n'existe pas dans les archives de Science.

P. 94 Claude Allègre s'indigne de ce que les travaux de Jean-Pierre Chalon sur les nuages n'auraient pas été pris en compte par le GIEC. M. Allègre cite ce passage d'un livre de M. Chalon : "Ces processus sont encore assez mal compris. C'est une des difficultés majeures et une des principales sources d'imprécision que rencontrent les tentatives de prévision des évolutions du climat. " "Je m'interroge, poursuit M. Allègre. Pourquoi un tel expert n'a-t-il pas été davantage impliqué dans les processus du GIEC ? (...) Réponse : cela fait partie du "totalitarisme climatique". Emettre des nuances, c'est déjà être un adversaire du "climatiquement correct"."

Voici pourtant ce que l'on peut lire dans le résumé du dernier rapport du GIEC : "Pour l'heure, les rétroactions nuageuses constituent la principale source d'incertitude des estimations de la sensibilité du climat."

P. 109 Claude Allègre produit une figure montrant un lien étroit entre plusieurs courbes : celle donnant l'évolution de la température globale moyenne de la basse atmosphère terrestre au XXe siècle, celle de l'irradiance solaire, et deux autres, donnant les variations du magnétisme terrestre.

Cette figure a certes été publiée en 2005, puis en 2007, dans la revue Earth and Planetary Science Letters (EPSL). Mais elle a été clairement réfutée en décembre 2007, pour des erreurs d'attribution de données.

P. 138 Claude Allègre présente comme très forte l'opposition de la communauté scientifique aux conclusions du GIEC. Il écrit : "L'événement le plus significatif est peut-être le vote qui a eu lieu parmi les spécialistes américains du climat. (...) Le 19 octobre 2009, le Bulletin de la Société météorologique américaine en a rendu publics les résultats. Les voici : 50 % d'entre eux ne croient pas à l'influence de l'homme sur le climat, 27 % en doutent. Seuls 23 % croient aux prédictions du GIEC."

Interrogé, Paul Higgins, un responsable de l'American Meteorological Society, se souvient de cette enquête. A ceci près qu'elle ne concernait nullement les "spécialistes américains du climat", mais les présentateurs météo des chaînes de télévision américaines...

Stéphane Foucart

Article paru dans l'édition du 28.02.10

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